Projet Phénoménologie de la douleur
Ce projet s’inscrit dans un cadre théorique et pratique qui est celui de l’école philosophique de la phénoménologie.
Projet mené par Vera Hadji-Pulja, inscrite en doctorat à Sorbonne Université et Gaëtan Hulot, docteur Sorbonne Université. Tous deux travaillent à Nova International Schools à Skopje, en Macédoine.
La phénoménologie se consacre à l’étude descriptive de l’expérience vécue. Elle prend ainsi le contrepied de l’analyse objectiviste, telle que pratiquée en sciences positives, et qui voudrait s’en tenir aux purs rapports matériels entre les choses. Mais elle ne s’attèle pas pour autant à mettre en avant une singularité ineffable de l’individu. Son but est de dégager les structures générales de l’expérience vécue.
En nous appuyant sur les explorations théoriques de l’expérience de douleur par les phénoménologues historiques (Brentano, Stumpf, Husserl, Heidegger, Scheler, Sartre, Merleau-Ponty, Henry) ou par leurs épigones plus récents (Carel, Geniusas, Svaenus, Zaner), nous avons rédigé 8 textes décrivant 8 aspects phénoménologiques de la douleur, plus précisément de la douleur chronique. Ils s’intitulent : douleur et temps; douleur et sens; douleur et rapport aux autres; douleur et travail; douleur et corps médical; douleur et corps; mise à distance de la douleur; douleur comme sensation, émotion, humeur. Comme on le voit, ces thématiques explorent à la fois la douleur comme un phénomène intime, intérieur et corporel, mais aussi comme un phénomène qui se vit dans le monde, au contact avec un environnement social déterminé.
Grâce à l’aide de Mme Sophie Arnal, infirmière référente au Centre de consultation en médecine de la douleur à l’Hôpital Pitié-Salpêtrière, nous avons pu entrer en contact avec des patients du centre, qui ont bien voulu répondre par écrit à quelques questions portant sur ces différentes thématiques. Ces questions devaient nous permettre de confronter les développements théoriques des phénoménologues au sujet de la structure de la douleur, aux expériences de première main des patients, afin d’enrichir l’analyse et de corriger d’éventuelles méprises. Dans un deuxième temps, et suivant un mouvement inverse, les textes enrichis et corrigés pourront être proposés aux patients dans le but de gagner une meilleure compréhension conceptuelle de leur propre ressenti, et de pouvoir mieux le faire partager. Sur le plus long terme, nous voudrions que ce projet donne également lieu à une analyse de psychologie empirique ayant pour fin de fournir des données qualitatives sur le sujet de l’expérience vécue de la douleur chronique, par le biais de méthodes de psychologie empirique d’inspiration phénoménologique, telles que la Descriptive Phenomenological Method (DPM) ou l’Interpretative Phenomenological Analysis (IPA).