Résumé

Créé en 1835, le musée Dupuytren a fermé ses portes en 2016, et ses collections ont été transférées sur le site de la faculté des sciences de Sorbonne Université. Ce musée d’anatomie pathologique a très vite acquis une grande célébrité, excédant sa destination première d’établissement et de diffusion des connaissances médicales. Au xxe siècle, sa valeur scientifique décline, et comme pour la plupart des musées d’anatomie, la majorité de ses visiteurs est constituée de curieux, d’artistes, et de quelques chercheurs en histoire des sciences. La collection conserve pourtant un intérêt remarquable, et ce, de multiples points de vue, à commencer par sa dimension patrimoniale et l’imaginaire qui s’y est attaché.

Cet ouvrage propose ainsi un regard pluridisciplinaire sur le musée Dupuytren, croisant une approche historique, épistémologique, philosophique et esthétique. Il s’agit de montrer comment une telle collection, qui rassemble des spécimens anatomiques (restes humains et moulages), des instruments scientifiques, des œuvres d’art (peintures, gravures, photographies) mais aussi une bibliothèque, constitue un matériau de choix pour étudier la manière dont médecins, artistes, philosophes, mais aussi chirurgiens, médecins militaires, sages-femmes, écrivains, et plus généralement amateurs d’art ou de science dialoguent et s’affrontent depuis le xixe siècle autour des collections anatomiques et de l’étude des maladies. L’ouvrage interroge aussi le rôle que peut jouer un musée des maladies ainsi que la conservation des pathologies du passé dans la prévention et l’anticipation des maladies à venir.

Les autrices

Julie Cheminaud est maîtresse de conférences en philosophie à Sorbonne Université. Normalienne et agrégée, ancienne pensionnaire de l’Académie de France à Rome - Villa Médicis, elle est l’autrice des Évadés de la médecine (Vrin, 2018) et de divers articles sur les rapports entre art et médecine.
Claire Crignon est professeure en histoire et philosophie des sciences médicales à l’université de Lorraine. Elle a cofondé le master et l’initiative Humanités biomédicales avec Alexandre Escargueil à Sorbonne Université. Elle a publié plusieurs ouvrages croisant histoire de la philosophie britannique et histoire des sciences médicales, ou liant histoire de la philosophie et de la médecine et anthropologie.